Du récit au Découpage: l’adaptation de Continuités des Parcs de Julio Cortázar
Sunday, January 13, 2008
Note: this is an exercise I did in 2004 when I was still struggling in the realm of French (alas, and adieu, those miserable days). It sounds probably a little pretentious if you haven't read the novel. But let me remind you, as the title indicates, it is just an adaptation. I strongly recommend you to read the original one, whose brevity is as astonishing as its intricateness.
1. Noir.
V.O. : Qu’est-ce qu’un ROMAN? Et une lecture?
2. Ouverture au noir. Intérieur jour. Studio.
On commence par un plan rapproché de la tête d’un homme reposant sur le velours du dossier élevé d’un fauteuil.
Travelling à sa main gauche qui caresse presque perversement de temps en temps le velours vert. Une cigarette allumée à portée.
Encore du travelling à la façade de cet homme vêtu d’un pullover. Un visage caché d’un livre. Le titre : continuités des parcs, par Julio Cortázar.
V.O. : Une aventure? Bien sûr. Mais où? Où se passera-t-elle?
L’homme tourne les pages. Son regard se déplace lentement aux fenêtres. La caméra le suit.
Un parc en hiver. Des feuilles mortes. Des chênes. Des souffles du crépuscule.
V.O. : Dans ma tête? Dans un autre monde? Imaginé? Clos?
3. Extérieur jour. Quai de la Gare du Nord, Paris.
Un homme en manteau, un porte-documents à la main, debout, braque les yeux sur des gens qui passent devant lui. Personne ne le remarque.
V.O. : Cet homme, c’est moi. Moi aussi. Je ne suis qu’un personnage.
4. Intérieur d’un compartiment d’un train. Jour.
L’homme, s’asseyant en costume trois-pièces, lit un roman. Tout le monde se parle passionnément autour de lui. Pas de son. Tout est muet.
V.O. : Je lis, parce que cela est déjà écrit dans le livre...Il avait commencé à lire...J’avais commencé alors à lire.
5. Intérieur d’une chambre à coucher dans une demi-obscurité. Jour ou nuit.
Travelling d’un lit en désordre sur lequel, s’allongent des corps nus, battus.
V.O. : Encore des personnages, des corps épuisés, morts?
Continuation du travelling jusqu’au chevet. Puis se dévoile l’homme en manteau qui se tient debout là. Une photo encadrée est couchée face en dessous sur une petite table. Il la prit et il la regarde. Puis il la met debout.
6. Encore une fois à l’intérieur du compartiment. Jour.
L’homme en costume a mis le roman de côté et au présent il contemple la vue hors de la fenêtre. Les autres bavardent comme avant.
V.O. : Non. Je n’étais pas là. C’est vous qui lisez.
7. Extérieur jour.
Le champ en mouvement. Lointains, il y a un chêne ou peut-être deux. Rien d’autre.
8. Extérieur jour.
L’homme avec le pullover se tient debout devant la fenêtre de son studio. Il a ses mains dans ses poches.
V.O. : Quand je regarde les choses, les personnes, ce qui m’étonne souvent, c’est qu’ils ne dissolvent pas sous mes yeux. Peut-être mes regards, sont-ils très légers?
La caméra s’éloigne et dévoile la façade de la maison tout entière.
Devant la maison, une femme joue avec un petit enfant. L’homme les regarde.
La caméra s’éloigne encore jusqu’au bout d’une allée qui conduit à la maison.
Une porte en fer se trouve là, fermée.
V.O. : Au bout du monde de mon regard, il y a toujours une autre possibilité, il y a toujours quelqu’un d’autre, qui regarde aussi. Ce monde ne m’appartient plus.
Un homme habillé d’une veste en cuir est là. Il les regarde aussi, la femme et l’enfant.
Puis, il se tourne vers une autre direction. La caméra la suit.
V.O. : Là-bas, il y a une cabane, parmi les broussailles, où l’on a de petits rendez-vous.
9. Intérieur de la cabane. Demi-obscurité.
L’homme en manteau examine tout autour de lui, sans laisser aucun détail. Il ramasse une petite pelote de papier et il la sent.
V.O. : La présence d’autrui. Oui, c’est quelque chose qui m’a fait parfois triste, troublant.
10.Intérieur du studio. Jour.
L’homme en costume s’assied arrière d’un immense bureau. Il signe sur des documents. À côté de lui, debout, c’est l’intendant, habillé méticuleusement.
Il tient le bras pour le tiroir. Il l’ouvre et il s’arrête.
11. Gros plan du tiroir.
Un pistolet parmi des documents.
V.O. : De la patience...
12. Intérieur de la salle à coucher. Jour. Très clair.
Le lit est méticuleusement fait. L’homme se tient debout à la même position, habillé différemment cette fois, avec le pullover.
V.O. : De la patience...
Il regarde le lit, la photo encadrée qui est debout maintenant. On peut y voir le couple souriant.
Puis très doucement, il sort le pistolet de sa poche et le met dans le tiroir.
V.O. : Tout était décidé depuis toujours...
13. Extérieur jour. Dans la rue.
C’est presque Noël maintenant. Une foule de gens court partout pour faire du magasinage. La femme et l’homme ( en cuir) s’arrêtent devant la caméra (on voit les dos) et ils sont attirés par quelque chose là-dedans. La femme se tourne et lui dit quelque chose. Elle veut le baiser. Elle est très sexy. Mais lui, il reste figé, presque triste.
V.O. : Il faut que j’attende pour quelques jours, quelques semaines, quelques mois, peut-être encore, pour toujours.
14. Intérieur de la cabane.
V.O. : Un matin d’hiver. Ils sont là. Vous êtes là.
L’homme (en cuir) et la femme se regardent sans parler. Ils sont sérieux maintenant.
La femme sort le pistolet de sa poche et le lui donne. Elle essaie de le baiser encore. Mais lui, il se dérobe à ses baisers et il recule. Puis il lui fait signe avec la tête de sortir en premier.
15.Extérieur de la cabane. Jour.
La femme se tourne pour un instant et puis elle s’en va, courant, les cheveux dénoués.
16. Intérieur de la cabane.
L’homme (en cuir) reste seul, toujours immobile.
17.Extérieur jour.
La maison dans la brume mauve du crépuscule. L’allée.
Les pieds apparaissent et s’arrêtent devant la caméra qui est fixée en bas, près de la terre.
Puis ils s’avancent et la caméra les suit.
Les pas s’énervent de plus en plus et la caméra les suit toujours.
18.Extérieur jour. POV.
Maintenant on est devant la maison. La caméra hésite pour un moment et on commence à courir. On entend des halètements.
On monte les trois marches du perron et entre. D’abord une salle bleue, puis un corridor, puis un escalier avec un tapis. En haut, deux portes. Personne dans la première, personne dans la seconde. La porte du salon. Les lumières des grandes baies, le dossier élevé du fauteuil de velours vert et, dépassant le fauteuil, la tête de l’homme en train de lire un roman.
L’homme se retourne et nous regarde, immobile.
FIN
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